La coopération algéro-française vue par Messali Hadj et le Mouvement National Algérien

"Il s'agit d’une coopération qu’il faut gagner en gagnant la confiance des deux peuples"


Interview à la Nation Socialiste, 1961. Réponse à la question : « que pensez –vous de la politique d’association préconisée par le gouvernement français ? ».

        «… Il n’est pas possible de répondre exactement à cette question, car nous ignorons totalement quelles sont les intentions véritables du gouvernement français à ce sujet. Cependant on peut dire tout de suite qu’en ce qui nous concerne, le terme association ne nous convient nullement et préférons à sa place celui de coopération. Il y a entre ces deux termes une grande nuance.
          Toute politique d’association arrêtée sous forme d’accord avant l’indépendance de l’Algérie est la négation de l’autodétermination et la vide de toute sa substance.
         Certes, le MNA a plusieurs fois, et bien, avant l’arrivée du général de Gaulle au pouvoir, préconisé une coopération entre le peuple français et le peuple algérien après l’indépendance et l’édification de la république algérienne souveraine. Mais il a pensé et pense toujours que l’on ne peut arriver à ce stade de la coopération que par le chemin et l’application de l’autodétermination sans aucune restriction ».

 

Extrait d’une interview  de Messali Hadj à la justice le 17 août 1937:

« Nous sommes avant tout des hommes pratiques, réaliste et nous disons franchement que l’Algérie libre et indépendante ne peut vivre seule.
Comme toutes les nations qui s’allient à d’autres nations pour leur défense, elles excitait la convoitise des impérialistes européens, de même que nous disons que la France ne peut pas vivre sans l’amitié non seulement de l’Algérie mais de toute l’Afrique de nord et pour cela nous croyons fermement que le problème de sécurité de l’Afrique de nord , le respect des intérêts de tous , le développement économique, et la mise en valeur des richesses de notre pays ne peuvent se réaliser dans l’harmonie, dans l’ordre et la paix que par une politique de compréhension réelle, par la collaboration l’autonomie politique, financière et administrative de chacun serait respectée».

 

Extrait d’une déclaration de Messali Hadj  devant le tribunal d’Alger le 2 nov. 1937:

« Je déclare que les intérêts du peuple français et du peuple algérien sont liés.
Il est dans l’intérêt de tous de se rapprocher, de se comprendre par une politique sincère, franche, capable de gagner la confiance et de l’Algérie Musulmane et de l’Islam ».

 

9eme résolution de la conférence nationale d’information des cadres du PPA, 1963:

«  Le PPA, bien qu’il ait été le seul à faire d’expresses réserves sur les accords d’Evian pour des raisons que les événements sont venus confirmer, entend pratiquer une politique de coopération avec le peuple français si celle-ci est franche, loyale et dénuée de toutes convoitises ».

 

Synthèse:

La synthèse de plusieurs déclarations et archives du Mouvement National Algérien fait ressortir la description suivante de la coopération algéro-française:

    - Il s’agit d’une coopération et non d’association.

    - Il s’agit  d’une coopération entre les deux peuples, le peuple Algérien et le peuple Français.

    - Il s’agit d’une coopération nécessaire, car il est dans l’intérêt commun de deux peuples de se rapprocher, de se comprendre pour le bien être général des deux pays et pour leur sécurité.

    -  Il s’agit d’une coopération qu’il faut gagner en gagnant la confiance des deux peuples.

    - Il s’agit d’une coopération entre deux Etats souverains, collaborant sur le même pied d’égalité où l’autonomie politique, économique et administrative de chacun serait respectée.

    -  Il s’agit d’une coopération basée sur une amitié des deux peuples et sur une politique de compréhension réelle et une collaboration franche, loyale et dénuée de toute convoitise.

DZFR